Saint Victeur - l'Abbaye du Mont-St-Michel - Saint Denis

Cartulaire (1) de Saint-Victeur, Au Mans, prieuré de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel (994-1400)

Le prieuré de Saint-Victeur au Mans était situé sur la rive droite de la Sarthe, à cinquante mètres du Pont-Perrin, entre l'église Saint-Jean-de-la-Chèvrerie, qui en dépendait, au sud, et le monastère du Pré, limité d'un côté par la Sarthe et de l'autre par la rue, qui rappelle encore aujourd'hui rue Saint-Victeur.

Son emplacement semble avoir été consacré à Dieu a peu près à l'époque où l'église du mans fut constituée; c'est là tout près que furent ensevelis les premiers martyrs du Mans, les premiers évêques de la cité; là, tout à côté, que fut établie l'abbaye Saint-Julien, où, jusqu'au 25 juillet 834, furent conservées les reliques insignes de l'église mancelle, aussi, après avoir servi peut-être d'hôtellerie pour les pèlerins, ne tarda-t-il guère à être occupé aussi par un monastère, dont mention est faite dans plusieurs documents antérieurs aux invasions normandes.

Malheureusement, lorsque vinrent les barbares du Nord, les habitants du Mans ne se trouvèrent pas en état de défendre également les quartiers de la ville situés sur les deux rives de la Sarthe ; dès les premières attaques des pirates normands, force leur fut d'abandonner ceux de la rive droite, pour concentrer toutes leurs forces sur la ville elle-même, placée sur la rive gauche.

Les abbayes de Saint-Julien et de Saint-Victeur se trouvèrent ainsi pendant un siècle entier à la merci des barbares, qui n'y laissèrent pas pierre sur pierre. Il ne faut donc pas s'étonner de trouver en 1040, l'emplacement du vieux Saint-Victeur tombé en des mains laïques et faisant partie du patrimoine mancelle. On rencontre mêmes faits dans le Cartulaire de l'Abbayette (2).

La terre qu'Yves restitue à Saint-Michel en 997 avait déjà appartenu au Saint, et n'était tombée dans les mains des aïeux donataire qu'à la suite des invasions normandes ; de même les terres, restituées, en 1116, par Robert de Saint-Denis, en 1118, par Guillaume de Goram, vers 1128, par Hugues de Montenay. Enfin en 1190, Juhel de Mayenne, en cédant au Mont-Saint-Michel les bois de Villareton, avait soin de procéder à une enquête préalable destinée à le convaincre que ce dont on lui demandait l'abandon avait réellement fait autrefois partie du domaine des moines du Mont.

Dans les documents de l'Abbayette, on voit les domaines retourner à l'établissement ou tout au moins au Saint, qui en avait eu la jouissance avant l'invasions normandes.

Au Mans, pour Saint-Victeur, il n'en est pas de même : il est certain que jusqu'au invasions normandes l'emplacement avait été occupé par un monastère, mais si les documents sont suffisants pour établir la réalité de son existence, ils ne contiennent rien qui fasse savoir comment on y vivait? Quelle règle on y observait ? Sous quelle dépendance on se trouvait? et quels abbés ont figuré à sa tête ? Avec les invasions normandes le monastère était mort, ne laissant aucun ayant droit, aucun titre, aucune tradition.

Aussi, lorsqu'en 1040, les enfants de Dreux, renonçant à la propriété de Saint-Victeur au profit des moines du Mont-Saint-michel, rappel la vie monastique dans l'emplacement de l'ancien monastère, c'est une vie nouvelle venus, du reste, y apportèrent une prospérité qui ne fut pas sans honneur car Saint-Victeur devint la tête des possessions de la riche abbaye dans le Haut-Maine.

Le prieuré de l'Abbayette (3) possédait au Bas-Maine les églises de Levaré et de Saint-Berthevin-la-Tannière, avec la chapelle de ce nom et la moitié des bénéfices de son marché, et en outre des droits dur les églises de Saint-Denis-de-Gastines, sur Montenay et Villarenton; du prieuré de Saint-Victeur devaient dépendre désormais l'église Saint-Jean-de-la-Chèvrerie au Mans, les églises d'Etival et de Domfront-en-Champagne.

(1) Cartulaire : Recueil de chartes contenant la transcription des titres de propriété et privilèges temporels d'une église ou d'un monastère.

(2) Abbayette  : Petite Abbaye - (3) Le prieuré de l'Abbayette du Mont-Saint-Michel

source : https://gallica.bnf.fr