Le Chemin de Fer – Un siècle d'Histoire de trafic

Le trafic

La gare de Saint Denis de Gastines a connu jusqu'à la guerre 39-45 un gros trafic. Au début du siècle (20ème) a eu lieu chaque mois une foire aux bestiaux, aussi la S.N.C.F. affrète 80 à 100 wagons à la gare. Elle a un projet de voie de débord car le trafic augmente sans cesse. A Saint Denis et aux alentours, trente cinq marchands de bestiaux exercent leur activité vers la gare de Saint-Denis.

Des marchands bretons, en blouse et sabots de bois viennent acheter des chevaux. Il expédient leurs bêtes jusqu'au Nord de la France et à la Villette à Paris, où s'établissent les cours. Des centaines de bestiaux partent le même jour, c'est un grand remue-ménage.

Malheureusement la guerre 39/45 éclate et de nombreuses bêtes sont réquisitionnées. En dehors de ces temps forts, chaque jours passent trois trains « montants » et trois trains « descendants ».

Hormis les bêtes, le trafic de céréales (blé, orge, avoine, engrais, pommes de terre, pomme à cidre sont important car l'agriculture se développe. Toutes les livraisons, tous les approvisionnements ont lieu à la Gare. Au moment des récoltes, la file des charrettes pleines de grains sont imposante... pensez donc de la Hairie jusqu'au bâtiment de pesage. Les clients des marchands de grain, les sieurs Lelandais, font peser leur récolte, elle est ensuite entreposée avant d'être chargée dans les wagons de marchandises. Les agriculteurs viennent chercher les engrais qui commencent à commercialiser ainsi que de la chaux, du foin et même de la paille.

Pendant ces longs moments d'attente, les deux cafés proposent collations et rafraîchissements.

La gare de Saint-Denis a connu un essor dans le premier tiers de ce siècle (20ème) avec les carrières de pavés diorites (bizeuls). Les carrières Gontier font travailler jusqu'à 80 ouvriers. Les pavages de plusieurs dimensions sont stockés à la gare avant d'être livrés par wagons entiers dans les villes, dans le Nord, en Belgique pour faire les fameuses routes dont on parle encore chaque année à l'occasion de la course cycliste Paris-Roubaix (« l'enfer du Nord ») voir l'article sur les pavés

Pendant la guerre 1914-1918, on y expédie de grandes quantités de bois, les américains ont installé un camp dans la forêt de Mayenne, près du pilet; ils firent de grandes coupes, ce bois est expédié au front afin d'y étayer les tranchées et les abris souterrains. Après la guerre on en expédie beaucoup pour les mines et les traverse de chemin de fer.

Lorsque le changement est important, la locomotive à vapeur ne peut monter la côte de la Paillardière alors les cheminots placent à l'arrière une deuxième locomotive pour soulager la première.

Anecdotes

Un siècle de chemin de fer (1881 à 1987) laisse dans les mémoires de nombreux souvenirs. Voici quelques anecdoctes :

Déraillement : En 1930, au passage à niveau de la Gare, en raison d'un mauvais aiguillage, le train déraille, tous les wagons sont renversés heureusement, il n'y a aucun blessé, mais à cette époque l'évènement fit grand bruit.

Fin d'une carrière : Lorsque la locomotive quitte la gare en sifflant, toute couvertes de fleurssaisonnières, les riverains de la ligne viennent saluer pour son dernier voyage le cheminot qui va prendre sa retraite ou la locomotive qui allait être réformée.

La locomotive met le feu derrière elle : En période chaude, la locomotive crache quelques braises de charbon et parfois cela occasionne des feux dans les fourrés. Alors, très souvent les agriculteurs attendent le passage du train pour s'assurer qu'aucun incendie se déclare.

Pendant la guerre 39-45 :En 1944, au moment du débarquement la gare de Saint-Denis est surveillée en permanence par des hommes du pays, car on craint un sabotage. Lorsque les américains ont débarqué. Le train fait la navette jour et nuit. Il y eut un projet, annoncé par les américains, d'installer une infirmerie d'urgence à la gare. La ligne de feu est initialement prévue autour du pays. Cette infirmerie d'urgence devait recevoir les premiers blessés. Les gares de Mayenne et Fougères anéanties, les gares secondaires sont épargnées par les bombardiers.

Interdicitions : La S.N.C.F. avait interdit à toute personne d'emprunter la voie ferrée à pied ou à bicyclette. Mais, par manque de surveillance, nombreux sont les dyonisiens qui ont emprunté la voi ferrée, surtout à partir de Montmourier jusqu'à Ernée.

Le devenir de ce patrimoine

Pendant 60 ans, la gare est un des éléments vitaux de la commune et contribue à son développement et à son renom sur plusieurs départements.

Le service « voyageurs » fonctionne bien car Saint-Denis desserve plusieurs communes et notamment Gorron et les environs. Après 1930, l'automobile a pris de l'essor et les lignes d'autocars se sont établies dans les département, aussi en 1938, la S.N.C.F. décide de suspendre le transport des voyageurs.

Pendant un demi siècle, le service « Marchandises » est assez important notamment après la guerre. Les poids lourds, livrant à domicile et concurrence dangereusement le trafic ferroviaire, et l'on ne vit bientôt passer que deux trains par semaine à la Gare, avec deux ou trois wagons.

Comme la ligne Ernée-Fougères, il y a une trentaine d'année, la S.N.C.F décide de cesser tout trafic entre Mayenne-Ernée en 1987 … La route succède au rail.

Un siècle... 100 ans ! C'est si peu, si l'on considère le travail colossal investit par les hommes pour sa construction et par toute une administration pour sa gestion.

 

Le secrétaire de Mairie, Mr Boutier.

Avec l'aimable collaborations de Madame Robine, la Gare – Monsieur Charlot Louis, la basse Hairie, Monsieur Babin Pierre, rue de Bretagne.

Source et article diffusé dans le bulletin municipal de Saint Denis de Gastines 1988