Au cœur du 130e et 330e Régiment d'Infanterie (Chronique)

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Préambule

A partir des extraits et transcriptions du journal des opérations et manœuvres du 330e R.I, cette chronologie historique n'a pas pour but de retranscrire l'intégralité de ce conflit, mais uniquement faire ressentir et s'imprégner des combats et comprendre l'évolution de cette guerre, qui est lié aussi à des actes particuliers et des lieux marqués par les empreintes et les éclats des différents bataillons et compagnies du régiment, sans oublier les innombrables victimes.

Août 1914- les premiers combats dans la Meuse (En Woëvre)

Dès la mi-août, dans la Meuse, des combats ont eu lieu, parmi les premiers morts, le 2ème classe Joseph GESBERT du 130e d'infanterie, 7ème compagnie, (à Mangiennes, au Nord de Verdun, le 12 août), un jeune dyonisien de 24 ans.

Le 330e se déplace dès le 14 août dans le département de la Meuse, à Moirey, Chaumont, Moulainville et Béchamps. La IIIè Armée a poursuivi le 22 août, sa marche vers le nord et a pénétré en Belgique. Le 330e se porte immédiatement en ligne sur le front à Vaudoncourt, et à Haudelaucourt (Meuse).

Le 23 août au petit jour, l'ennemi attaque à Audun-Ie-Roman (Meurthe-et-Moselle), le 330e reçoit l'ordre de résister devant Spincourt. Des compagnies de la division s'installent au parc du Château, où l'ambulance a été établie, on organise la position. Au même instant, des bataillons se sont échelonnées face à l'est, le long de la voie ferrée Spincourt-Haudelaucourt-Conflans. A 9 h 30,l'ennemi est signalé à proximité et des groupes de cavaliers battent en retraite. Les premiers obus tombent sur Spincourt. Des patrouilles se sont heurtées à l'ennemi et engagent le combat. La compagnie aidée de renfort se déploie et part à l'attaque, l'ennemi rentre dans le bois.

Après de nombreux combats et le bombardement des différents villages, en deux journées les pertes ont été rudes, le 330e a stoïquement reçu le baptême du feu. Le chiffre des pertes atteint près de 400 soldats : entre tués, disparus, et blessés pour la plupart et qui furent capturés par l'ennemi dans les journées suivantes, l'effectif du régiment est tombé à 1.672 soldats.

Lors des premiers combats en Belgique, le 22 août, au sein du 104e régiment d'infanterie, créé lors de la révolution Française (1792), les premiers enfants de Saint Denis de Gastines meurent en terre étrangère, sur le champ de bataille à Ethe (Belgique), le Sergent Emmanuel LECOURT, et le soldat Constant PERIER. Suite à cette offensive française, le 104e se retire vers les corps d'armée de Verdun et ses alentours.

Le 23 septembre 1914, le 330e passe à la division de marche de Verdun constituée sous les

ordres du général de Morlaincourt.

Le 330 revient le 26 à Haudainville où il reçoit mission d'organiser définitivement la cote 291 et

le bois du Tremblais (sud de Verdun). Le 28, alerte ; l'ennemi attaque Fresnes-en-Woëvre et le régiment se prépare à marcher.

Le 6 octobre, commence une nouvelle série d'attaques ; l'Armée veut s'emparer des hauteurs de

Combres et de la Crête des Eparges (Sud de Verdun) ; il faut retenir et fixer l'ennemi sur tout le front. La division de Morlaincourt attaque au débouché de Fresnes et s'empare de Pintheville-Riaville.

Jusqu'au 16 octobre, le régiment occupe le secteur; les attaques se succèdent sans arrêt sur

tout le front; la division Heymann a gagné 600 mètres à l'est de Riaville; la division de Morlaincourt enlève Champlon. Le 330e est engagé dans de petites opérations de détail, tantôt avec l'une, tantôt avec l'autre des unités voisines. Les lignes et les villages sont

bombardés jour et nuit; le régiment perd chaque jour quelques blessés, les habitants qui n'ont pu fuir sont réfugiés dans leurs caves et le régiment les ravitaille tant bien que mal. Les compagnies de réserve se relèvent au bois de Manheulles. L'effectif du régiment est de 1.385 hommes. En attendant les renforts demandés d'urgence au dépôt de Mayenne, le régiment reçoit 600 territoriaux prélevés sur les bataillons de la place de Verdun.

La fin de l'année se passe dans le plus grand calme. Le régiment est remonté à l'effectif de 2.316 hommes. Les compagnies travaillent sans arrêt, et le général de Morlaincourt, au retour d'une de ses visites, adresse au régiment tous ses compliments pour l'activité qu il déploie : « le massif

de bois tenu par le 330 est devenu un obstacle infranchissable à l'ennemi ».

Le terrain est cependant difficile et malsain; l'Orne, le Rupt-de-Butel débordent à chaque pluie, inondant les abris dans lesquels il n'y a ni carton bitumé, ni tôle; la fièvre typhoïde ravage la population civile de Braquis et enlève au régiment beaucoup d'évacués jusqu'au jour où la vaccination met fin à l'épidémie. On tiraille beaucoup dans le secteur ; les rapports de compagnies accusent 1.000 à 1.500 cartouches par jour, et de cette époque (3 décembre), date la création de batteries de fusils. Le commandement prescrit la plus grande vigilance pour le premier Noël de guerre : mais la nuit se passe sans aucun incident.

L'un des fait important en 1914 – Les Taxis de la Marne

Aux premiers jours de septembre 1914, les troupes allemandes parviennent au nord-est de Paris, notamment dans le département de Seine-et-Marne. Les Allemands ont bivouaqué le 3 septembre au Plessis-Belleville et des détachements sont signalés à quelques dizaines de kilomètres de Paris seulement. L'état-major français doit trouver une solution rapide pour envoyer des troupes fraîches, afin de réaliser un mouvement tournant pour contenir et détruire les avant-gardes des troupes allemandes. Il commence par réquisitionner les trains mais les réseaux ferroviaires autour de Paris sont désorganisés. L'idée de la réquisition des taxis-autos revient conjointement au général Galliéni, gouverneur militaire de Paris, au général Clergerie et à André Walewski, fondateur de la Compagnie française des automobiles de place. Galliéni dispose alors d'une réserve permanente de 150 taxis-autos disponibles nuit et jour, cette réserve pouvant être triplée en 12 heures. Les 6 et 7 septembre 1914, sur ordre du général Galliéni, environ 600 taxis parisiens mais aussi quelques cars pouvant transporter 20 à 30 soldats sont réquisitionnés pour servir de moyen de transport aux fantassins de la 7e division d'infanterie. Chaque taxi pouvait embarquer cinq hommes avec leur paquetage. Cette opération permit d'acheminer rapidement environ 5 000 hommes, mais aucunement de renverser le cours de la Première bataille de la Marne, contrairement à une idée reçue. En effet, le nombre de soldats transportés paraît dérisoire par rapport aux effectifs mobilisés pour la bataille, la très grande majorité des troupes étant transportée en train. En revanche, cette manœuvre inédite dans son ampleur eut une réelle portée psychologique sur les soldats français ainsi que sur le commandement allemand mais surtout sur la population, l'épopée devenant rapidement un symbole d'unité et de solidarité nationale.