Nous avons commencé notre métier de bourrelier en 1935, à l'Oricière où nous étions installés. Sorti de l'école à l'âge de 12 ans, comme la plupart des jeunes de l'époque, il faut déjà penser au travail. Il faut commencer par un apprentissage de 3 ans, effectué chez Mr Dodard à Saint Denis de Gastines, pour ensuite se perfectionner dans le métier à Juvigné.
En 1935, Saint Denis de Gastines comptait 4 bourreliers pour 5 en 1910 :
Messieurs Bourcier, Lhuissier, Brière, Baglin, Loiseau. Les chevaux à moteur ont précipité la disparition des artisans bourreliers.
Le travail du bourrellier était lié à l'équipement du cheval.
Il nous fallait fabriquer harnais, brides, colliers, selles etc...
Pour faire un équipement complet, il nous fallait environ 15 jours. La fabrication du collier était une opération importante.
Il faut commencer par :
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se procurer un corps de collier, selon la taille de l'animal.
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Scier les attelles (parties latérale en bois du collier à laquelle les traits sont attachés) dans une planche selon la forme que l'artisan veut donner à son collier
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ensuite il faut faire une housse en cuir, faire les trous pour mettre le billot et les crochets
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Pour terminer par la finition, peinture et clous, selon la demande du client, et le tout cousu à la main.
Ils existe plusieurs modèles de colliers, pour le labour et pour les carrioles.
Pour tous ces travaux, nous devions nous procurer des peaux de vaches chez les tanneurs de la région.
Pour tous ces travaux, on utilisait du fil mis en plusieurs brins, enduit de poix « substance résineuse tirée du pin et du sapin » et roulé sur les genoux.
Le travail de bourrelier nous amenait aussi à fabriquer des capotes de carrioles.
Quand un client mariait un enfant, il nous fallait réviser, nettoyer, briquer la carriole pour le mariage. Nous avions le travail à l'atelier mais aussi le travail en déplacement chez le client, une fois par an, pour une révision, graisser, recoudre, entretenir les cuirs.
L'arrivée des tracteurs vers les années 57-58 nous a obligés à modifier notre fabrication. Le cheval comme outil de travail ayant presque disparu, nous nous sommes reconvertis dans la fabrication de sommiers et matelas.
Germaine Ragoin
Source : Bulletin Municipal 1997